La pratique du politiquement correct semblant intimement liée à toute conduite sociale, ce n'est pas l'existence du politiquement correct en soi qui peut poser problème, mais sa non-reconnaissance en tant que phénomène, laquelle implique la non-reconnaissance des contraintes qu'il impose sur l'individu et sur le groupe. Autrement dit, ce qui est dénoncé, ce n'est pas la langue dans sa nature, mais l'impact nocif de certaines pratiques langagières (volontaires ou non) sur les individus.
Robert Nicolaï démêle ici avec finesse les multiples problématiques qui gravitent autour de ce thème et, décryptant les réflexions d'Orwell, nous propose un renversement de perspective : il nous invite, en effet, à réfléchir non plus à ce qu'on fait avec les langues, mais à ce que nous faisons, nous, dans la langue... Ainsi met-il au jour, à l'occasion d'analyses magistrales, les enjeux – et les risques – ultimes de la pratique de la langue de bois et du politiquement correct : réduire au minimum, voire rendre impossible, notre capacité de distanciation, de réflexion et de critique.