Depuis 2 décennies, la santé mentale (pré)occupe beaucoup les sociétés occidentales. Dépression, anxiété, autisme, hyperactivité, troubles du comportement alimentaire, burnout, souffrance psychosociale, suicide… Ces thèmes mobilisent aujourd’hui des moyens considérables dans les dispositifs de santé publique et, comme le précise un slogan classiquement utilisé dans les campagnes d’information, « tout le monde est concerné ». Dans cet ouvrage, Xavier Briffault fait le point sur ce dont il est question lorsqu’on parle ainsi de « santé mentale », de « troubles mentaux », de « souffrance psychique » – domaines particulièrement difficiles, puisqu’ils concernent ce qui distingue l’humain au sein du règne animal, la complexité de sa vie psychique, relationnelle, sociale. Particulièrement éclairantes, les analyses de Xavier Briffault mettent en évidence deux manières de concevoir la santé mentale aujourd'hui. L’une, celle de la psychiatrie scientifique internationale, qui trouve sa formalisation dans le célèbre « Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux », le DSM, s’intéresse essentiellement aux différentes manières d’aller mal (et d’y remédier). L’autre, davantage portée par la psychologie, et en particulier ce qu’il est convenu d’appeler la psychologie positive, s’intéresse plutôt aux différentes manières d’aller bien (et d’aller mieux). Ces deux « courants » s’ancrent également dans des positionnements philosophiques et anthropologiques (des modèles de l’humain et de la santé) qu’il est indispensable de comprendre pour saisir les principes organisateurs des mises en œuvre techniques.