• ISBN : 978-2-37168-271-9

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Enjeux de la parole

Sous la direction de Jean-Francis Dauriac

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Tout curieux sait que la Franc-Maçonnerie repose sur une légende digne d’un conte pour enfant, le mythe d’Hiram, l’architecte chargé par le roi Salomon de la construction du Temple (le Temple idéal de l’Humanité). Hiram, qui incarne l’autorité divine et transcendante, détenait seul le savoir et le pouvoir, maîtrisait et répandait la parole et proférait la Loi. Lâchement assassiné, il emporta tous les secrets de l’amélioration de la condition humaine. Dès lors, ce n’est plus une autorité extérieure qui détient la parole, ni qui fait la loi, mais la communauté des hommes, chacun devenant coresponsable de tous.

Chacun doit donc apprendre à s’en servir pour faire et partager des règles et des lois qui permettent à tous de vivre ensemble plus dignement. Cette idée de « l’Homme co-auteur de sa propre loi » est à l’origine de l’humanisme laïc des Lumières dont les maçons se veulent les défenseurs et les promoteurs. Elle donnera naissance à la citoyenneté, la politique, la démocratie… La parole telle que la conçoit la Maçonnerie est ce par quoi l’Homme va devoir définir et partager des règles et des lois qui lui permettront de vivre avec d’autres hommes. Et, pour avoir force de loi, les règles du vivre-ensemble devront réunir plusieurs conditions : être largement consenties (légitimité), être réalisables (performativité), s’imposer à tous (la puissance publique).

Nos sociétés modernes n’ont jamais disposé d’autant de possibilités de communication, d’échanges et de débats, notamment avec les nouvelles technologies de l’information et les réseaux sociaux. « Tels des enfants découvrant de formidables jouets », notre tentation est grande et légitime d’en user à toutes fins et… « pour ne rien dire ». Le danger est que le débat, déconnecté du pouvoir et de l’action, prive la démocratie d’un de ses ressorts les plus importants : sa capacité politique à transformer la parole en acte…

En cela il est rejoint par l’appel de Etienne Colin à une délibération collective dans le cadre de la démocratie représentative, mais à partir d’une totale rénovation ou refondation des corps intermédiaires.

Car, en ce XXIe siècle encore naissant, la rapidité et l’ampleur des révolutions scientifiques, des technologies nouvelles et de la mondialisation font que le pouvoir que l’Homme commençait à avoir sur sa destinée s’éloigne une nouvelle fois. La parole lui échappe.

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