Les dernières découvertes archéologiques établissent que les hommes boivent du vin depuis le Néolithique, et l'on en retrouve les traces aussi bien dans des jarres iraniennes vieilles de 7000 ans, qu'en Turquie, dans des vases vieux de 6000 ans, ou encore dans des tombes de rois de l'Antiquité égyptienne. Certes, les hommes n'ont pas toujours dégusté ni vinifié le vin comme nous le faisons aujourd'hui. Toutefois, le vin a toujours été un breuvage spécial, parfois à caractère sacré, souvent métaphoriquement associé aux expériences mystiques. D'un autre côté, l'industrie s'est emparée de ce « produit », mettant en avant les valeurs de plaisir et de partage qu'il véhicule, mais aussi ses atouts socio-économiques.
Or, depuis quelques années, des anciens et de nouveaux venus dans le monde vigneron défendent une conception de la culture, du goût et de la convivialité du vin qui rompt avec la standardisation et la logique du rendement. Les nouveaux buveurs qui les soutiennent recherchent des vins sans maquillage ni trucage chimique, qui parlent de la générosité de la nature et du savoir-faire respectueux d'hommes et de femmes qui la conduisent jusqu'au verre à travers la fructification du cep. Ces vins, que l'on dit « nature » car sans intrants chimiques ni dans le vignoble ni au chais, sont reconnus plus digestes. Mais surtout, ils expriment un goût unique, non reproductible, aussi nouveau qu'il est ancien : celui d'une nature qui s'offre à la dégustation de ceux qui abandonnent l'illusion paranoïaque de la dominer. Ce goût dit vin cache un essai d'éthique contemporaine...